Née à Mulhouse au début des années soixante-dix, c’est très jeune que Véronique s’intéresse à l’art. Issue des beaux-arts, des arts décoratifs et influencée par le design textile, Véronique a su allier ses différents savoirs et sortir chaque fois plus cultivé de ses expériences.
Ce besoin de témoigner du monde pour le faire redécouvrir a été l’ébauche de son parcours. Son art est une figure du renouveau. Ce mode de communication, suggéré plus qu’exprimé, surprend l’artiste. Être compris sans paroles laisse libre le côté primitif de s’exprimer et permet au spectateur de se guider sur la toile par son propre instinct.
« Tout est là » comme le décrit Véronique
Dans son atelier, les toiles posées au sol nous font face, laissant vierges les murs déjà petitement morcelés. Véronique nous présente maints séries d’abstrait, travaillés à l’acrylique sur des tons souvent noirs et blancs, où passagèrement vient s’adjoindre du rouge. Cette juxtaposition de couleurs appelée « Trichromie ancestrale » s’exprime comme des qualités pour le regard, représentant les relations aux valeurs contraires, clair/sombre, vide/plein. Le blanc a deux inverses, le noir et le rouge. Ainsi l’association de ces forces accompagnent celui qui lit le tableau.
Influencée par Richter ou encore Bram Van Velde, l’artiste manie abstraction en s’efforçant de lier le réalisme à son art. Sur ces bases d’abstrait, on trouve à plusieurs reprises des bonhommes gravés à même la toile. Une dualité point entre le style presque enfantin de cette unique partie réaliste et sa réalisation. L’artiste, par un geste sûr et violent l’exécute avec une pointe métallique spécifique aux maçons.
Aujourd’hui, elle laisse entrevoir le travail pur d’une artiste guidée par le seul besoin de créer sans adjoindre d’interprétations. C’est au spectateur que revient le pouvoir de révéler la force de chaque œuvre et de prendre le contre-pied sur ce que la peinture impose.
Louise Lataste
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Les peintures de Véronique pratique la méthode de l’écaillage des formes et des surfaces où le tracé se livre à une toute nouvelle contingence.
« Un espace clos qui finalement va toujours trouver une échappée. »
Imprévisibles, toujours renouvelées, des formes concentriques presque géométriques semblent se souvenir et porter en elles la mémoire de leur matrice disparue. Leurs contours visibles prononcés apparaissent sous un trait spontané à l’acrylique et à l’encre sur papier épais.
Dans cette immersion enveloppante et organique, Véronique Gros travaille autant sur ce qui relie que sur ce qui sépare. Le lien qui rassemble comme celui qui déchire provoquant la perte, l’éloignement. Entre présence et absence, dans une rapidité insistante et répétée, elle trace, lacère, griffe, creuse, surligne. Rayures, accros, écorchures témoignent de l’accident esthétique où l’aléatoire se révèle en perpétuel conflit avec la maîtrise de son geste.
« J’ai ce besoin de faire réapparaître ce qui était caché. »
Par le grattage des couches successives, elle sauve les traces de la disparition inéluctable.
Parfois l’inattendu surgit ; une empreinte figurée, fantomatique semblant faire signe. Le réel prend alors corps dans le mirage laissant apparaître la contradiction entre abstrait et représentation. Dans cette tension, le spectateur intervient libre de creuser un sillon et suivre à la trace un sens dissimulé. Il se surprend à débusquer des pistes, d’infimes traces furtives, aussi belles et paisibles qu’inquiétantes.
« Au départ le spectateur peut exprimer un recul et ensuite lorsqu’il prend le temps, s’approche, entre dans l’œuvre, le malaise disparaît. »
L’artiste travaille du plus précis au plus général. De l’utra-zoom à la distanciation, du plus loin au plus près, ses œuvres invitent au travelling pictural. C’est dans ce double mouvement constant que la composition se décrypte. Ce nectar rétinien rend fascinant la hiérarchisation de la perception de chacun qui décide que l’œuvre est mieux ainsi, à telle ou telle distance. Douceur ou stupeur, attraction ou ambiguïté, les yeux s’écarquillent vers un hors-champ qui échappe puis se précise. Les œuvres de Véronique Gros frappent par la subtilité de leur rapport à l’espace, aux formes, aux proportions et aux couleurs.
« Le noir est très réconfortant, il suggère une certaine profondeur, une présence que je ne retrouve pas dans les autres tonalités. Il permet d’infinies variations. »
La palette restreinte à dominante grise et noire procure des effets d’opacité, de clair-obscur perceptibles, y compris en transparence. Le jaune et le rouge, participent parfois vivement à la construction en s’insérant par touches. Le vide entre les tracés n’est pas occulté. Il apporte même une physicalité esthétique, une certaine stabilité. La quête de l’équilibre immédiat est d’ailleurs un réel défi pour l’artiste. La lecture est cependant plus verticale que dans ses travaux précédents avec une nouvelle intensité de présence contenue et une formidable énergie.
Véronique Gros est une faiseuse de formes. Elle aime la peinture de Bram Van Velde, Anselm Kiefer ou encore Pierre Soulages et on comprend pourquoi.
Caroline Critiks
Véronique Gros |Artiste
St Ouen – France
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contact@veronique-gros.com
Nathalie de Frouville | NdF Agency
(+ 33) 677 74 75 54 nathalie@nathaliedefrouville.com